Paul VERLAINE (1844-1896) Il pleure dans mon coeur
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine (...)
LE CHOU
Un chou se prenant pour un chat
léchant son museau moustachu,
sa bedaine de pacha,
à ses feuilles s’arracha,
pour prouver que sous son poncho
couleur d’artichaut,
son pelage était doux et chaud,
sa queue de soie, sa robe blanche.
En miaulant à belle voix,
le chou se percha sur un toit,
puis dansa le chachacha
de branche en branche.
Or, le chou n’était pas un chat
aux pattes de caoutchouc,
sur la ramure il trébucha
et c’est ainsi que le chou chût
fâcheusement et cacha
sa (...)
Si six cents couteaux-scies
Si six cents couteaux-scies,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Si six cents couteaux-scies
Scient, en six,
Six cent six saucisses,
Si six cents couteaux-scies
Scient, en six,
Six cent six saucisses,
Qu’obtient-on au total ?
Une cuisine sale.
Pierre Coran
K.K.O. Un kangourou en kimono kaki Faisait du karaté Sur un kiosque de kermesse Avec un koala et un kakatoès. Les kilos du kangourou, Les kilos du koala, Le bec du kakatoès Ont fini par faire un trou Dans le kiosque de kermesse. Et quand le kiosque craqua, Kakatoès, koala, Kangourou en kimono furent tous trois mis K.O.
Pierre Coran
Raconte-moi le passé
Raconte-moi le passé.
Il est trop vaste.
Raconte-moi le XXe siècle.
Il y eut des luttes sanglantes,
puis Lénine,
puis l’espoir,
puis d’autres luttes sanglantes.
Raconte-moi le temps.
Il est trop vieux.
Raconte-moi mon temps à moi.
Il y eut Hitler,
il y eut Hiroshima.
Raconte-moi le présent.
Il y a toi,
et encore toi,
et le bonheur qui ressemble
au soleil sur les (...)
Conversation (sur le pas de la porte, avec bonhomie.) Comment ça va sur la terre ?
Ça va ça va, ça va bien. Les petits chiens sont-ils prospères ?
Mon Dieu oui merci bien. Et les nuages ?
Ça flotte. Et les volcans ?
Ça mijote. Et les fleuves ?
Ça s’écoule. Et le temps ?
Ça se déroule. Et votre âme ?
Elle est malade
le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade. Jean Tardieu, Monsieur Monsieur (...)
Jean de La Fontaine Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main (...)
Père et Mère de Grand corps malade
Depuis la nuit des temps l’histoire des pères et des mères prospèrent
Sans sommaire et sans faire d’impairs, j’énumère pêle-mêle, Pères Mères
Il y a des pères détestables et des mères héroïques
Il a des pères exemplaires et des merdiques
Il y a les mères un peu père et les pères maman
Il y a les pères intérimaires et les permanent
Il y a les pères imaginaires et les pères fictions
Et puis les pères qui coopèrent à la perfection
Il y les pères sévères et les mercenaires (...)
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Dernière mise à jour : mercredi 7 octobre 2015